La Fédération canadienne des coopératives de travail
Congrès 2010
The potential of worker coops
Alain Bridault
28 octobre 2010 13H
Vancouver, BC
In the anglophone world of cooperation, history of modern coops began with those who were called the Pioneers of the city of Rochdale, now a suburb of Manchester (England).
The Pioneers were issued from the ranks of proletariat; they were factory workers.
They had conceived, in the middle of the nineteenth century, the first and the most historically ambitious Strategic Plan to rebuild all the economy and all the society on the basis of coops.
Their Plan was set in three stages :
First, as they were poor factory workers unable to raise enough money to invest in their own factory, they chose to start, in 1844, with a small consumers coop, with no employees, functioning on volonteer work of members.
The first stage of that plan was an enormous success.
With that first entreprise, their goal was to accumulate enough money with the year after year profits of the coop to be able to start their second stage, to fulfill their real dreams, create a factory owned by its workers.
The second stage was a total failure.
Their third stage was to conquer the agricultural sector end buy farms. This was to enable the workers to feed their families.
The third one was a partial success.
And the fate of that plan had shaped all the future of coop history, almost everywhere in the world, for more than a century.
What was a full success, were the consumers coops; dozens, then hundreds of consumers coops were created in the second part of the nineteenth century everywhere in great Britain, nearly all created among and by factory workers.
The factory workers were that time the social class which was rapidly growing. That came along with the wide spreading of capitalists entreprises.
Thus, the consumers coops became the second new type of democratic organisations that factory workers of that time invented to protect and promote their mutual socioeconomic interest with the other type orgnisation being trade-unions and, eventually, the Labour party.
However, the pioneers could not know at that time the fate of their plan and the future of that small collective tool they had build, the consumers coop. So they start the second phase of their ambitious plan several years after they created that first consumers coop. They build a cotton mill as the first industrial workers coop in the world.
But they were not able to raise enough money from the profits of the mill to reinvest in the development of that factory. They had to accept private investment. Alas, rapidly, those private investors began to own the majority of the shares and, if the factory continued, that first industrial workers coop disappeared in 1862.
That failure, because of a lack of capital, was at that time seen by the prominent social analyst Beatrice Potter-Webb as the proof that, in her words « workers coop were doomed to fail ». At that time, The coop future already seemed to live with consumers coops which were booming everywhere.
In fact, almost no workers coops were created in Great Britain during the century after that failure, till the beginning of the nineteen eighties.
And the rebirth of workers coop in Great Britain in those eighties was, to a large part, due to a new model of industrial coop which was a tremendous worker coop success and which proved that Beatrice Potter-Webb was wrong. That was the literally extraordinary experience of the workers coop in the city of Mondragon in Spain.
Mondragon’s coops proved that the dream of the Rochdale Pioneers was not an utopia, if the coops develop a way to attract capital in their surroundings and to keep the entire control by their employees, they can be a success.
Because of Mondragon, we know we can do it ! As a certain person said in 2008 : Yes, we can!
That’s my first conclusion about the potential of workers coops.
But I have another one, and to demonstrate it, I will, once again, go back to the history of coops but from another source of that history, from the French history of coops.
En France, l’idée coopérative, particulièrement l’idée de la coopérative de travail n’est pas venue de la même couche sociale ouvrière qu’en Grande Bretagne. Elle n’est pas venue des ouvriers d’usine, mais des artisans, de ces ouvriers à très forte compétence professionnelle : les typographes, les ébénistes, les maçons, etc.
Ils ont inventé la formule de l’association ouvrière de production, comme on les appelait à l’époque, au début des années 1830, pour protéger leurs métiers menacés par la vague d’industrialisation massive de l’économie qui commençait à s’abattre sur le continent quelques décennies après la Grande Bretagne.
De fait des dizaines de coopératives de ce type commencèrent à se créer. Mais la force de cette vague d’industrialisation fut telle que ces coopératives restèrent très marginales. Le nombre d’ouvriers artisans diminua sans cesse tout au long du XIXème siècle alors que le nombre d’ouvriers d’usines augmenta sans cesse. La couche sociale porteuse des coopératives de travail en France s’étiolant progressivement jusqu’à ne plus constituer que moins de 5% des ouvriers, le mouvement des coopératives de travail ne pouvait pas se développer.
Il faut le constater, durant plus d’un siècle, correspondant à ce que j’appelle le siècle d’hégémonie du mode de production industriel entre les années 1870 et les années 1980, la formule de la coopérative de travail n’était pas porteuse d’avenir, même si de belles coopératives prospérèrent, notamment dans l’imprimerie et la construction, cela restait marginal. Durant ce siècle, c’est la formule de la coopérative de consommateurs qui put se développer largement.
Mais aujourd’hui, la donne a changé. Nous ne sommes plus dans une économie uniquement dominée par le mode de production industrielle. Comme le soulignait Peter Drücker, nous évoluons dans une « knowledge society ». La force des entreprises au cœur de cette nouvelle économie n’est plus le travail mécanisé, n’est plus la force des bras, n’est plus le travail dans lequel on ne demande jamais à l’ouvrier de penser, ce n’est plus le monde décrit par Charlie Chaplin dans son film « Les temps modernes ».
Les entreprises d’aujourd’hui ne peuvent réussir qu’avec des employés hautement qualifiés; elles ne peuvent se développer qu’en parvenant à mobiliser les intelligences pour améliorer constamment leurs productivité et leurs capacités d’innovation.
Or, cette nouvelle donne économique redonne à la formule de la coopérative de travail son plein potentiel; ou plutôt, la formule de la coopérative de travail apparaît dans ce contexte enfin très bien adaptée et je dirais la mieux adaptée à cette nouvelle donne économique.
Avec le retour de la compétence professionnelle à la base du succès des entreprises, c’est au retour de la couche sociale des artisans que nous assistons. Certes il ne s’agit plus d’artisans cols bleus; ce sont des artisans en cols blancs, mais c’est le même type de personnes. Qu’ils soient cols bleus ou cols blancs, ils partagent le même type de rapport au travail et à l’entreprise, la même fierté de leurs compétences professionnelles, le même goût pour le travail bien fait.
C’est pourquoi je dis que la couche sociale porteuse de coopératives de travail allant maintenant en s’accroissant sans cesse, ici au Canada et dans les autres pays dits développés, les conditions objectives pour un vaste développement des coopératives de travail sont maintenant réunies et pour très longtemps.
Car, si la création d’entreprises de pointe ne dépend plus de la capacité de réunir d’énormes capitaux, mais de la capacité de réunir des compétences professionnelles, cela ouvre aux nouveaux artisans cols blancs la possibilité de créer ensemble leurs entreprises, dont ils seront les seuls maîtres.
Et ces nouvelles coopératives de travail formées par ces nouveaux artisans sont, par nature, potentiellement plus compétitives que les entreprises privées opérant dans leurs secteurs économiques.
En effet, pour attirer ces compétences et les conserver, les entreprises privées doivent maintenant se monter attrayantes, instaurer par exemple des méthodes de gestion participative, offrir une participation aux profits, offrir un environnement de travail qui permette à leurs employés de satisfaire tous leurs besoins et attentes jusqu’à la pointe de la fameuse pyramide de besoins de Maslow.
Elles doivent chercher à copier l’avantage intrinsèque d’une CT. Mais la copie ne pourra jamais égaler le modèle car jamais vous ne verrez une entreprise privée verser tous ses profits à ses travailleurs !
C’est d’ailleurs cela, le fait que tous les profits appartiennent aux travailleurs, qui facilitent la mobilisation des travailleurs au travail et leur sentiment d’appartenance envers l’entreprise.
C’est précisément dans cette capacité de mobilisation de leurs membres travailleurs que se situe la principale force de la coopérative de travail. C’est là qu’elle est possiblement imbattable.
C’est ma seconde conclusion quant au potentiel des coopératives de travail.
Nous pouvons le faire ! Yes we can !
So, we know, since the success of The Mondragon model of industrial coop that we are able to build this type of entreprises and we know that the white collar craf people’s workers coop are a far better fit with the new paradigm of the XXIrst economic world than the traditionnal capitalist model.
We know that we have the potentiel to rebuild our world as was the dream of the Rochdale Pioneers,
to rebuild it on the basis of their values : liberty, égality, équity solidarity and responsability;
to rebuild it, stone by stone, coop by coop,
The future is now wide open for workers coop if we learn how to manage their potential.
We know we can do it! We have to do it!
Thank you!