Par Kenzie Love
Le travail précaire et mal rémunéré a longtemps caractérisé l’emploi dans le secteur des arts. Un groupe d’artistes de Vancouver a souhaité changer ce phénomène en fondant la Coopérative VALU (Vancouver Artists Labour Union), une coopérative de travail syndiquée déterminée à offrir un salaire stable à ses membres.
Les membres de VALU étaient également motivé∙e∙s par le désir de soutenir leur communauté, les résident⋅e⋅s et les entreprises du quartier chinois de Vancouver où se trouve leur atelier. En accord avec cette philosophie, VALU fonctionne selon un modèle sans profit ni commission occulte. Tous les excédents sont versés aux artistes employé⋅e⋅s ou au groupe de travail sur les projets communautaires impliqué dans des projets collaboratifs servant la communauté environnante.
David Ng, l’un des membres fondateurs de VALU explique : « Nous avons fondé notre organisation en réfléchissant réellement aux valeurs sur lesquelles nous voulions nous baser. Nous avons donc passé beaucoup de temps à imaginer la façon de concrétiser nos valeurs de justice sociale et à comment le faire de manière à être redevables aux communautés dont nous faisons partie. »
Le groupe de travail sur les projets communautaires de VALU procède actuellement à la numérisation des archives de la Lim Association du quartier chinois, un organisme à but non lucratif dont le bâtiment historique abrite l’atelier de VALU. Ng souligne que le projet d’archivage, Engaging Chinatown, est l’un des aspects les plus gratifiants de l’existence de VALU jusqu’à présent. En effet, il permet à la coopérative d’offrir un service à la communauté tout en bénéficiant de l’intérêt accru qu’il a généré envers les coopératives de travail.
« Ça marche en quelque sorte de deux manières, dit-il. Le travail de la coopérative nous a permis de réaliser certains de ces projets communautaires, puis en y travaillant cela nous a permis d’accroître les conversations à propos des coopératives de travail. »
Découvrir le modèle de coopérative de travail a aussi été une expérience révélatrice pour des nouvelles et nouveaux membres de VALU. C’est le cas de Marissa Desandoli, qui possédait peu de connaissances sur les coopératives de travail avant de rejoindre VALU. Depuis son intégration, elle a appris à apprécier la nature collaborative et égalitaire du modèle.
« Une chose que j’ai apprise est de toujours veiller les uns sur les autres en tant qu’équipe. Tout ce que tu fais, tu le fais pour les gens avec qui tu travailles, dit-elle. La gestion démocratique et non hiérarchique m’a appris à être responsable et à rendre des comptes, ce qui est très important, je crois. De plus, j’ai certainement plus d’estime pour mes collègues que dans mes emplois précédents. »
La coopérative a été confrontée à sa part de défis, notamment les perturbations causées par la pandémie qui a frappé peu longtemps après la fondation de VALU. Bien que l’atelier d’impression de la coopérative ait été conçu pour produire du matériel pour des événements à grande échelle, la plupart stoppé par la pandémie, Ng explique que la perte de ces opportunités n’a pas été un obstacle insurmontable. En fait, cela a illustré que bien que le travail précaire puisse faire partie de l’expérience de l’artiste, c’est loin d’être une fatalité, particulièrement lorsque les valeurs directrices demeurent au premier plan. La déclaration des valeurs de la coopérative se trouve ici.
« Quand nous avons commencé au début de la COVID, ces opportunités ont rapidement disparu, dit-il, mais le fait que nous soyons toujours là et que nous ayons atteint le seuil de rentabilité démontre notre résilience et la solidarité que nos partenaires nous ont démontrée. Je crois que nous avons fondé la coopérative sur des valeurs de justice sociale très solides. Nous travaillons donc avec des partenaires qui partagent des objectifs semblables entourant ces valeurs. Ainsi, je crois que le fait que nous nous en sortions bien démontre aux allié∙e∙s de notre communauté avec qui nous avons forgé des partenariats que nous devons travailler ensemble. »