Par Kenzie Love
La coopérative de solidarité BMP a vu le jour dans un ancien bar acheté en 2021 par la Société de développement communautaire de Milton Parc, l’une des plus importantes fiducies foncières communautaires d’Amérique du Nord, qui a invité les résident·e·s à voter sur la nouvelle vocation de cet espace. La population s’est prononcée en faveur de la création d’un bar sous forme de coopérative de solidarité, le bar Milton-Parc. De juin à décembre 2023, un « prélancement » a permis à la coopérative de recueillir des fonds pour les rénovations nécessaires, au moyen de sociofinancement et avec l’aide de la fiducie financière ainsi qu’une subvention de la Ville de Montréal.
La coopérative rouvrira ses portes au début de juillet après ces importantes rénovations. Elle est désormais dotée de murs insonorisés, d’une cuisine pleinement fonctionnelle et de toilettes remises à neuf. Grâce à toutes ces améliorations, la coopérative servira de lieu de rencontre pour les gens du quartier Milton Parc de Montréal.
« Nous avons pour but d’être un pôle communautaire pour notre voisinage immédiat, explique Malcolm McClintock, personne cofondatrice de la coopérative. En gros, nous voulons offrir un espace qui répond aux besoins des membres de la collectivité, où on organise des événements intéressants et diversifiés où vraiment tout le monde peut se sentir accueilli, le tout dans le respect de nos valeurs de base : prix abordables, approvisionnement éthique et fonctionnement démocratique. »
Comme le relate Malcolm McClintock, le choix de la coopérative de solidarité comme forme d’entreprise découle du désir de faire participer divers types de personnes. Les membres travailleur·euse·s occupent la majorité des sièges au conseil d’administration, selon le principe voulant que les personnes les plus impliquées dans le fonctionnement de la coopérative aient un pouvoir décisionnel, mais des membres utilisateur·trice·s et des membres de la communauté y siègent également, de sorte que toutes les personnes qui utilisent ou qui soutiennent le lieu se sentent investies dans le projet.
Malcolm McClintock considère sa participation au projet de coopérative comme une expérience unique et valorisante qui lui a permis de travailler dans un environnement non hiérarchique pour la première fois.
« J’adore la culture de communication ouverte de notre équipe et tout ce que nous avons réussi à accomplir en discutant de notre rêve et de la façon d’y arriver, et en acceptant que nous n’avions pas toutes les connaissances requises et qu’il faudrait essuyer quelques échecs en cours de route. Nous sommes une équipe relativement jeune, et je pense que nous avons vraiment su cultiver un sentiment de confiance et de bien-être dans la poursuite de cette vision, tout en nous efforçant de toujours faire de notre mieux. Ça a été une formidable expérience avec l’équipe. Ça a changé ma vie. »
Cela dit, iel reconnaît que l’absence de hiérarchie a aussi apporté certaines difficultés, mais ce sont des défis auxquels l’équipe est ravie de s’attaquer, puisqu’ils font partie intégrante du modèle coopératif.
« Je trouve que les coopératives reflètent bien la façon dont les êtres humains devraient s’organiser. C’est vrai que l’accent sur la communication, l’aspect non hiérarchique et la prise en considération de tous les points de vue apportent un peu de chaos, mais j’adore ça. »
Malcolm McClintock a hâte de lancer le programme de repas solidaires de la coopérative, qui offrira des repas à faible coût pour lutter contre l’insécurité alimentaire grandissante. Iel souligne aussi que la nouvelle insonorisation permettra de tenir toutes sortes d’événements qui étaient impossibles auparavant. Dans l’ensemble, iel attend avec impatience que les membres de la coopérative puissent voir les résultats de leur travail (pas toujours rémunéré).
« J’espère que nous verrons les fruits de la sueur versée équitablement dans ce projet par tellement de gens depuis un bon moment. Enfin, nous pourrons ouvrir le bar et déployer notre plein potentiel. »