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Par Kenzie Love
Les femmes noires au Canada font face à d’importants obstacles : niveaux élevés de violence, accès limité à l’emploi, à l’enseignement supérieur et au logement, taux d’incarcération disproportionnés… Des recherches démontrent que les effets cumulatifs du racisme, de la discrimination, de la pauvreté et d’autres inégalités structurelles et systémiques affectent ce groupe sur les plans de leur santé physique, émotionnelle et mentale. Malgré ces barrières, « de nombreuses femmes noires continuent de réussir en affaires et mettent sur pied des entreprises qui répondent à des besoins non comblés par le marché, célébrant ainsi leur culture et redonnant à leurs communautés », selon une récente étude.
C’est dans cette ligne d’idées que le Centre de ressources et de counselling multiculturels pour les femmes de la région de Durham, en Ontario, soutient des femmes noires dans l’atteinte de ces objectifs. Grâce à la création de coopératives de travail, ces personnes arrivent à vendre directement leurs services aux utilisateur.trice.s, sans intermédiaires ni agence. Ce modèle augmente leur autonomie, favorise leur accès à une compensation juste et accroît leur contrôle sur les prises de décision.
Le programme de développement coopératif du Centre de ressources en est à sa deuxième année sur quatre. Le centre accompagne actuellement sa seconde cohorte de femmes pour qu’elles mettent en place des coops de travail dans les six secteurs suivants : services de soutien à la personne, nettoyage résidentiel et commercial, coiffure, arts, garderie, et couture et habillement. Grâce à la formation offerte, les participantes en ont appris davantage sur le développement coopératif et ont acquis des compétences en affaires, en plus de vivre des expériences concrètes et de visiter des coops locales. Dès le mois de mars, cette cohorte commencera la phase d’implémentation du projet.
Bien que les activités du Centre s’adressent aux femmes de toute origine raciale ou ethnique, les femmes noires – nouvelles arrivantes pour la plupart – composent la majorité des membres de cette cohorte. Aysha Javed, coordonnatrice du programme, est d’avis que celui-ci contribue à répondre aux obstacles qui entravent le chemin de ce groupe social.
« Plusieurs femmes noires vivent de l’insécurité économique, de la discrimination en emploi et un accès limité au capital, alors qu’elles constituent l’un des groupes entrepreneuriaux à la croissance la plus rapide », affirme-t-elle.
Bien que le Centre ne fournisse aucun financement direct aux membres des cohortes, il peut les aider à postuler pour des subventions ou à négocier des prêts bancaires. Et plus important encore, les personnes participantes accèdent à un réseau de soutien, en faveur de la propriété partagée, de salaires justes et de modèles d’affaires durables qui font rayonner l’ensemble de la communauté. Ainsi, voilà l’occasion pour les femmes noires de créer des entreprises à l’image de leurs aptitudes, de leurs passions et de leurs valeurs culturelles.