par Kenzie Love
Le terme « la solidarité » se dit souvent dans le milieu des coopératives, mais quelle en est vraiment la signification? En partie, la réponse se trouve en tournant au sixième principe coopératif: la coopération entre les coopératives. Les entreprises traditionnelles pourraient parfois collaborer quand leurs intérêts s’alignent; ceci représente une union de forces temporaire à la poursuite d’un objectif commun. Mais les coopératives, comme leur nom l’indique, coopèrent. Et ceci non seulement car ça sert leurs intérêts, mais parce que, comme l’indiquent les notes d’orientation pour les principes coopératifs de l’Alliance coopérative internationale (l’ACI), « c’est l’expression la plus claire de notre désir commun de créer un avenir économique meilleur, plus durable et plus équitable pour toute l’humanité. »
Matt Adams, de la coopérative de travail Fourth Pig Green and Natural Construction, convient qu’il y a un contraste à cet égard avec les entreprises traditionnelles.
« La grande majorité des entreprises existes a faire un profit, » dit-il. « Ceci est leur objectif primaire, et de même, c’est un objectif pour beaucoup de coopératives, mais ce n’est pas le cas pour toutes les coops. En fait, ce n’est pas toujours aussi important que les points sur la communauté, la démocratie, et d’autres principes. Je pense que les coopératives sont intéressées à se voir réussir, pas simplement à unir leurs forces afin de maximiser le profit; elles ne visent pas seulement à maximiser la valeur pour leurs actionnaires avant tout. »
Pour la coopérative Fourth Pig, ce type de coopération prend diverses formes. Adams est toujours prêt à prendre un appel ou à répondre à un courriel d’une autre coopérative qui cherche des conseils, de l’aide que sa coopérative a reçue des autres à son tour. Mais le Fourth Pig a également travaillé directement avec d’autres coopératives, comme la Muskoka North Food Co-op, dont il a aidé à rénover le magasin. En effet, Fourth Pig aimerait faire plus avec d’autres coopératives, mais Adams note que ce n’est pas toujours possible.
« Notre préférence serait de travailler avec des coops et des charités, ainsi que des entreprises et organisations à but non lucratif, » il nous explique, « mais la plupart de notre travail continue d’être avec des propriétaires privés. »
Quant à lui, Benedict Lau de la coopérative de travail Hypha voit les raisons à la fois pratiques et idéologiques pour travailler avec d’autres coopératives. Il note que d’un côté, une coopérative de travail comme la sienne ne peut que prendre une telle taille avant de devenir intenable, donc collaborer avec d’autres coopératives leur permet d’externaliser leurs besoins qu’ils ne peuvent satisfaire, tout en conservant une taille confortable. À la fois, il croit que cela est aussi une façon de renforcer l’ensemble du système coopératif.
« Construire ce mouvement qui est, selon nous, la bonne façon pour les gens d’organiser le travail, cela empêche les relations extractives qui se produisent souvent dans le domaine de la technologie. Surtout, ça prévient ces personnes qui sont plus axées sur le profit à court terme, » dit-il. « Cela mène à de nombreuses relations insoutenables au sens numérique entre les plateformes et les utilisateurs. Donc, je pense que construire le mouvement global nous permet d’avoir un meilleur environnement pour grandir. »
Célébrer les succès n’est pas la seule façon de construire le mouvement, selon Adams. Cela consiste aussi à prêter attention aux problèmes au sein du secteur coopératif – et les personnes les mieux placées pour les mettre en évidence, selon lui, sont les membres des coopératives eux-mêmes.
« Notre propre critique sera mieux informée qu’une critique externe », dit-il, « parce que la plupart des gens n’ont aucune idée de ce qu’est une coopérative ou de son fonctionnement et ils ne la comprennent pas. Je ne suis donc pas tellement intéressé par leur critique. Cela m’intéresse d’entendre d’autres coopératives dire : « Vous pouvez mieux faire ceci ou cela, car elles sont informées, généralement. »
C’est pour ces raisons, si bien articulées par les travailleurs de coopératives que nous avons interrogés pour cet article, que les membres de la FCCT ont adopté en 2013 une politique pour encourager les achats coopératifs. L’accent est mis sur le soutien et l’achat auprès des coopératives de travail autant que possible, mais cela s’applique également à d’autres types de coopératives : coopératives de consommateurs, caisses populaires, coopératives de solidarité, d’assurance (Co-operators), etc. La FCCT adhère à cette politique et en fait rapport à notre assemblée générale annuelle. La FCCT encourage ses membres à créer des politiques semblables et à s’y adhérer, pour notre bénéfice mutuel. Nous encourageons également les membres à proposer des politiques similaires par résolution aux associations ou fédérations locales, provinciales et nationales dont vous pourriez faire partie, que ce soit pour les coopératives uniquement ou des associations de plusieurs types d’organismes. Si nous croyons au modèle coopératif démocratique, c’est à nous de transmettre ce message aux autres – tout en respectant ses valeurs et ses principes au mieux de nos capacités.
En conclusion, aucune coopérative n’aura à elle seule toutes les réponses aux défis auxquels le secteur coopératif est confronté, tout comme elles ne peuvent être conscientes de toutes les opportunités qui existent. En travaillant ensemble, cependant, les coopératives peuvent résoudre non seulement leurs propres problèmes, mais également ceux auxquels est confrontée l’économie dans son ensemble. C’est ce que veut dire l’économie solidaire – et pour cela que le slogan/ tagline de la FCCT c’est « la Solidarité nous réussit. »