Par Kenzie Love
Dans la ville de Victoria, The Makehouse s’avère une véritable institution locale pour quiconque s’intéresse à la couture. Un peu plus de dix ans après sa création, sa fondatrice Jenny Ambrose a décidé de vendre. Une certaine inquiétude pour l’avenir de leur emploi sous une potentielle nouvelle administration a incité les cinq membres du personnel à acheter.
« J’ai considéré reprendre l’entreprise seule, mais j’ai vite réalisé que je ne voulais absolument pas faire cela en solo! », raconte Kat Camfield, directrice générale de la coop. « J’en ai parlé avec mes collègues, et l’idée de propriété collective, de partage des responsabilités, de décision sur nos propres conditions de travail nous interpellait vraiment. Ainsi, nous avons choisi d’aller de l’avant avec une coop de travail. »
Même si le concept les attirait, il leur restait une foule d’éléments à considérer pour procéder à la conversion. Heureusement, l’équipe de The Makehouse a eu la chance de participer à l’Académie des coopératives de travail de la FCCT. Grâce à un mentorat approfondi et un environnement bienveillant, les membres ont pu apprendre les aptitudes nécessaires à la bonne gestion d’une coopérative de travail. Pour Kat Camfield, la présence des autres groupes au sein de leur cohorte a été d’un grand soutien.
« C’était très agréable d’entreprendre ce processus aux côtés d’autres équipes », indique-t-elle. « Même si leurs entreprises différaient à bien des égards, cela a tout de même contribué à surmonter le sentiment d’isolement qu’on aurait pu vivre autrement. Un accompagnement individuel avec une personne spécialiste du développement coopératif n’aurait pas eu le même effet. Nous recevions des encouragements des autres groupes. Nous avions la chance de nous motiver entre nous et d’échanger des points de vue. Cela nous a beaucoup aidé·e·s. » (À noter que les inscriptions pour l’Académie des coopératives de travail de la FCCT sont en cours et que des bourses sont offertes. La prochaine cohorte commencera à la mi-septembre.)
Après leur participation à l’Académie, Kat Camfield et ses collègues ont fait appel à une personne avocate en droit des coopératives pour préparer les documents administratifs de l’achat de l’entreprise. Finalement, la coop a officiellement vu le jour en décembre dernier. Il aura fallu de nombreuses réunions, surtout dans les premiers mois, pour y arriver. Mais, pour Kat, les avantages de ce nouveau modèle sautent déjà aux yeux.
« Notre salaire est meilleur, dit-elle. Nous avons beaucoup plus notre mot à dire sur nos conditions de travail. Nous sommes mieux équipé·e·s pour répondre à nos besoins et nous arrivons à un consensus dans presque toutes nos décisions. C’est vraiment génial de disposer d’un tel contrôle sur notre travail et de définir nos rôles. »
Dans les prochains mois, l’équipe de The Makehouse envisage de commencer le remboursement de son prêt provenant du Thrive Impact Fund. Elle espère aussi augmenter le salaire des membres. Kat Camfield souhaite encourager toute personne employée qui considère une conversion de la sorte.
« Je dirais que c’est tout à fait faisable, affirme-t-elle. Vous pouvez y arriver. Une conversion paraît intimidante de prime abord. Mais honnêtement, le soutien de la FCCT et d’autres acteurs rend la tâche tellement plus facile. Les personnes qui débutent leurs démarches ou qui songent à se lancer ne réalisent peut-être pas l’ampleur du soutien disponible. Il existe une tonne de ressources géniales; il suffit de les chercher et de demander de l’aide. »