Selon l’agence QMI, les ambulanciers de la coopérative de travail située en Montérégie « affichent l’un des meilleurs taux au monde pour ce qui est de la réanimation des patients se trouvant en arrêt cardio-respiratoire. Fin décembre, 23 ambulanciers de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM) ont ainsi reçu une épinglette reconnaissant leur travail exemplaire. »
« Quotidiennement, la direction de la CETAM et ses paramédicaux se préoccupent de la qualité des soins prodigués à la population et nous sommes particulièrement heureux de recevoir ces reconnaissances cette année», a dit Jean-Charles Boily, directeur général de la CETAM.
Pour nous parler de ce métier aussi imprévisible que palpitant, nous avons demandé à M. Ronald Cusson, lui-même paramédic de la Coopérative des employés et techniciens ambulanciers de la Montérégie) (CETAM), de partager avec nous un peu de sa vaste expérience. Ayant pratiqué le métier d’ambulancier quelques années à Saint-Hyacinthe, Ronald Cusson se joint, en 1988, à la soixantaine de membres de la CETAM nouvellement formée. À l’époque, les effectifs sont bien modestes : la CETAM ne compte que 70 membres, dessert 33 municipalités (de la rive-sud, la Montérégie précisément), et dispose de 13 véhicules aptes à répondre à 20 000 appels annuellement. Voyez un peu l’évolution du scénario 20 ans plus tard : en 2012, la CETAM regroupe plus de 300 paramédicaux et assure les services à 70 municipalités (un immense territoire couvrant 2 700 km 2 et une population de plus de 675 000 personnes) et mobilise 30 véhicules répondant à plus de 50 000 appels par année.
Une telle croissance s’explique avant tout par les besoins en santé qu’entraîne le vieillissement progressif de la population ; elle a également pour origine les changements reliés au mode de vie de la population. Par ailleurs, il est certain que l’essor qu’a connu cette coopérative, de même que le dynamisme qui la caractérise, reposent principalement sur l’engagement et le dévouement de chacun de ses membres, sur leur ardeur à pratiquer un métier aussi exigeant que gratifiant. Il est plaisant d’écouter Ronald Cusson évoquer avec fougue sa longue expérience de paramédic et affirmer qu’il n’envisage pas encore la retraite. Nullement blasé ni attiédi par tant d’années de service, il se réjouit au contraire d’apprendre encore chaque jour des tas de choses sur le terrain. Sans compter qu’il lui tient à cœur de transmettre aux plus jeunes une partie de ses connaissances… Décidément, Ronald Cusson a la flamme du métier chevillée au corps… et il tire une immense satisfaction à en propager la chaleur à tout son entourage.
La CETAM est la première coopérative de soins préhospitaliers à avoir vu le jour au Québec, en 1988, comme nous le disions plus haut. Ronald Cusson était déjà à l’époque un militant syndical aguerri, ce qui le prédisposait à s’intéresser au mouvement coopératif. Âpres négociations, batailles épiques auprès des ministères, mobilisation des troupes, lutte pour l’avancée des droits des travailleurs de ce secteur, il a été de toutes les luttes. Rien d’étonnant qu’un tel engagement ait porté fruit… et largement contribué à l’amélioration et la professionnalisation du métier de paramédic… Par ricochet, c’est l’ensemble de la population qui en a tiré profit. Pensons simplement à la qualification professionnelle qui était quasi inexistante à l’époque où le paramédic (d’aujourd’hui) était perçu comme un simple « transporteur » de malades.
De nos jours, il est ahurissant de constater que tout un appareillage technique « pointu » est installé à bord des ambulances… et que son utilisation requiert des connaissances de plus en plus poussées et une polyvalence certaine. À titre d’exemple, mentionnons que la CETAM a travaillé d’arrache-pied, et ce dès 1992, en faveur de l’installation du moniteur défibrillateur semi-automatique à bord des ambulances, de même que pour l’emploi du combitube (dispositif conçu pour protéger les voies respiratoires en situation d’arrêt cardio-respiratoire) ou de la cardiopompe (dont l’usage est moins répandu), tous instruments et bien d’autres qui ont carrément permis de sauver des vies… car en situation d’urgence, une seule minute de délai peut faire toute la différence. Pas étonnant que les résultats en réanimation préhospitalière en Montérégie soient considérés parmi les meilleurs en Amérique du Nord… Soucieuse d’améliorer sans cesse les services aux usagers, la CETAM a souvent dû arracher de force ces innovations capitales auprès des décideurs et des pouvoirs publics. Et pourtant, toutes ces innovations sont devenues essentielles au maintien de la vie à bord des véhicules ambulanciers. Et que dire du délai de réponse garanti par les paramédics de CETAM : entre 6 et 9 minutes en zone urbaine ! Difficile de faire mieux…
Mais les positions d’avant-garde ne sont pas que techniques chez CETAM. C’est en effet dans cette coopérative de soins préhospitaliers que l’on trouve le plus grand nombre de femmes paramédics au Québec, une moyenne qui avoisine les 38 % ! En matière de promotion des métiers non traditionnels, c’est là un enviable palmarès. Selon Ronald Cusson, les femmes sont tout à fait à l’aise et efficaces dans le rôle de paramédics car, outre leurs compétences techniques, elles apportent dans l’exercice du métier des qualités et des attitudes qui leur sont propres.
Bien que Ronald Cusson soit toujours très actif sur le terrain, il n’en néglige pas pour autant les activités de formation et de prévention qui sont inhérentes à la mission de CETAM. Persuadé que l’objectif premier d’un paramédic consiste ultimement à sauver des vies avant que les patients ne soient confiés au réseau hospitalier, il tient pour essentiel que l’entourage du patient connaisse et applique au mieux les rudiments des techniques de survie avant l’arrivée de l’ambulance. C’est ainsi qu’à lui seul, il forme entre 1 000 et 1 500 personnes par année, leur enseignant les techniques de réanimation cardio-respiratoire (RCR), une intervention pratiquée par un proche qui, dans presque tous les cas, permet de maintenir en vie le malade en crise jusqu’à sa prise en charge par les paras.
Du côté des affiliations, la CETAM est membre du RÉSEAU de la coopération du travail du Québec. Suite à plusieurs années d’implication au sein du mouvement de la coopération du travail, Ronald Cusson est actuellement le Président du RÉSEAU. Au-delà de l’affiliation naturelle avec le monde des paramédics, la CETAM contribue activement au développement du modèle coopératif qui permet aux travailleurs d’être collectivement propriétaires de leur entreprise.
Rédaction: Geneviève Girard
Source: Les ambulanciers parmi les meilleurs au monde, Patricia Blackburn, Agence QMI, 6 janvier 2012
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