Par Kenzie Love
Stocksy, une plateforme coopérative multipartite, a été fondée à Victoria en 2013 avec un but en tête : redonner du pouvoir aux artistes qui alimentent les banques d’images. L’équipe fondatrice, forte d’une solide expérience dans le secteur, voulait créer un nouvel espace fondé sur le modèle coopératif. Partie de 220 artistes contributeur·trice·s dans ses débuts, elle rassemble aujourd’hui 1 900 membres, et ce, dans 85 pays. Comme il s’agit d’une coopérative multipartite, il existe trois catégories de membres : les artistes (classe C), les conseiller·ère·s et la direction générale (classe A) et le personnel (classe B). Michelle Sadler, directrice des opérations et de la gouvernance, explique que le modèle a été pensé afin que quiconque travaille pour la coop ait son mot à dire sur son fonctionnement.
À l’époque, c’était aussi pour s’inscrire en faux contre les normes dominantes du marché des banques d’images, qui sacrifiait la qualité au nom du profit, que l’équipe fondatrice de Stocksy s’est tournée vers le modèle coopératif. En choisissant d’emblée de miser sur la créativité et la diversité, elle a voulu se démarquer des géants du secteur. Aujourd’hui, même si la coop demeure la seule du milieu, Michelle Sadler constate que la concurrence s’intensifie sur le plan du contenu : d’autres acteurs copient désormais son esthétique, voire ses valeurs.
« À nos débuts, notre collection d’images était vraiment unique en son genre. Ce type de contenu ne se trouvait nulle part ailleurs », explique-t-elle. « Mais la concurrence a pris le train en marche depuis ; elle sait aujourd’hui ce qui se vend bien chez Stocksy, ce qui est populaire, ce qui fait notre originalité. Et la compétition commence à devenir plutôt féroce. »
Les avancées de l’intelligence artificielle (IA) générative se font sentir dans le secteur, ajoute Michelle Sadler, bien que Stocksy refuse ce type de contenu, un autre atout qui distingue la coop de la concurrence.
« Là-dessus encore, nous faisons bande à part », reconnaît-elle. « Notre posture face à l’IA explique pourquoi une partie de notre clientèle reste fidèle et continue de faire affaire avec nous. En effet, nous avons l’avantage de garantir du contenu créé par des êtres humains et légalement autorisé. »
Pour Michelle Sadler, chez Stocksy depuis huit ans, la possibilité de contribuer à une mission plus grande qu’elle-même loge au cœur de sa motivation à travailler pour la coop.
« C’est merveilleux de savoir que ce que je fais est utile », raconte-t-elle. « Le travail prend une tout autre portée lorsqu’on soutient les autres, qu’on les élève, qu’on fait partie d’un projet collectif. Il y a un sentiment de responsabilité qui vient avec ça – et c’est ce qui rend le tout vraiment valorisant. »
Dans les prochaines années, Stocksy souhaite poursuivre son expansion. Sa stratégie? Miser sur sa clientèle fidèle tout en cherchant à percer un marché où la coop est pour l’instant largement méconnue.