L’attention soutenue des coopératives sur l’autonomisation des femmes est essentielle à la mise en œuvre du Programme de développement durable

Par Kenzie Love

Alors que le monde a célébré cette année la Journée internationale des femmes en mettant de l’avant le thème « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation », il est clair qu’il reste des progrès considérables à accomplir pour faire de cette vision une réalité. Aucun des marqueurs du cinquième objectif des Objectifs de développement durable (ODD) sur l’égalité entre les sexes n’est atteint ni prêt de l’être. Comme le déclare l’ONU : « L’incapacité persistante de donner la priorité à l’ODD 5 met en péril la totalité du Programme de développement durable à l’horizon 2030. »

L’égalité entre les genres est aussi un principe clé du mouvement coopératif international. Il a d’ailleurs été cité comme objectif en 2012 dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, proclamée par les Nations Unies, et encore une fois cette année avec la même désignation de l’ONU. Selon un examen de la littérature de 2016, « il est raisonnable de croire que si elles peuvent compter sur le bon environnement et un bon appui, les coopératives peuvent jouer un rôle prépondérant dans la promotion et l’atteinte des objectifs d’égalité entre les genres et d’émancipation des femmes ». Néanmoins, comme l’a révélé cet examen, « les femmes ressentent toujours l’incidence de l’inégalité entre les genres sur le plan de la participation, du leadership et de l’accès ». Bien qu’il apparaisse que la formation d’un plus grand nombre de coopératives de travail (et l’emploi d’un plus grand nombre de femmes au sein de celles-ci) est une étape nécessaire à l’atteinte de l’égalité entre les genres, ce changement ne sera probablement pas suffisant pour réaliser cette ambition.

Les coopératives de travail ne sont qu’une pièce du casse-tête lorsqu’il est question de l’égalité entre les genres, et leur efficacité dépendra en partie de changements sociétaux plus importants. Néanmoins, les coopératives peuvent prendre certaines mesures pour provoquer ces derniers.Comme on l’a mentionné dans l’examen de la littérature, « les données recueillies sur les femmes et les coopératives ainsi que sur les coopératives dirigées par des femmes sont au mieux éparses », et l’amélioration de la collecte de telles données constitue une recommandation clé. Comme le souligne le magazine Forbes : « Fondamentalement, les données nous informent des prochaines étapes à suivre… Elles nous révèlent ce qui est possible et nous donnent le pouvoir de le concrétiser. »

Une fois de plus, la collecte de données n’éliminera pas en elle-même les barrières que doivent surmonter les femmes dans les coopératives de travail. Toutefois, lorsqu’on aura établi qu’une supposition apparemment raisonnable est en fait une réalité, on pourra soutenir avec plus de force l’argument selon lequel les coopératives de travail constituent un outil d’autonomisation des femmes.

Bien entendu, il est probable qu’une collecte plus rigoureuse de données révèle que les disparités salariales et la sous-représentation des femmes à des postes de direction demeurent au sein du secteur des coopératives de travail. Comme le souligne Xiomara Nuñez de Cespedes, présidente du Comité pour l’égalité des genres de l’Alliance coopérative internationale : « Au sein des coopératives, on affirme parfois que les femmes bénéficient de conditions équivalentes à celles des hommes, mais ce n’est pas vrai. Plusieurs d’entre elles font face à des défis qui limitent leur participation active. » Ces défis sont particulièrement marqués pour les femmes qui appartiennent à d’autres groupes privés d’équité. Ainsi, « reconnaître et aborder les enjeux particuliers qui touchent l’autonomisation des femmes s’avère crucial pour façonner une société plus inclusive et équitable ».

Comme l’observe aussi Anne-Brit Nippierd, les problèmes qui limitent la participation des femmes dans les coopératives de travail sont souvent similaires à ceux qui restreignent leur participation à l’économie dans son ensemble, notamment en ce qui a trait aux attentes sociales propres à leur rôle, au manque de ressources et à l’absence de protection juridique. On avance souvent un argument économique pour appuyer l’élimination de ces barrières : on estime que si les disparités entre les sexes étaient comblées, l’économie mondiale s’en trouverait gonflée de 7 000 milliards de dollars américains. Toutefois, pour les coopératives de travail, la justification la plus évidente réside dans le respect de leurs principes et valeurs.

Et comme l’ajoute Mme Nippierd : « Les progrès quant au statut des femmes dans les coopératives et dans la société en général ont toujours été importants pour le mouvement coopératif international. » Les avancées dans ces domaines sont plus déterminantes que jamais – et pas que pour les femmes, pour tout le monde.