Le soutien gouvernemental, un facteur indispensable au dynamisme du secteur coopératif

Par Kenzie Love

Partout dans le monde, les coopératives emploient 280 millions de personnes, soit 10 % de la population active. Voilà une proportion importante, quoique relativement modeste, de l’économie mondiale. Toutefois, la distribution des coopératives se révèle inégale à l’échelle mondiale. Les coopératives de travail représentent une part minime de l’économie canadienne (à l’exception du Québec). Les différences culturelles*(en anglais seulement) figurent souvent parmi les raisons qui expliquent pourquoi les coopératives de travail prospèrent davantage dans certains pays. Mais Hazel Corcoran, directrice générale de la FCCT, souligne autre facteur important : le soutien gouvernemental.

« Si nous considérons la situation globale actuelle, les endroits où le secteur coopératif est vigoureux et en pleine croissance ont tendance à bénéficier d’une certaine participation de l’etat », précise-t-elle.

Diamond Isinger, directrice de la représentation de Coopératives et mutuelles Canada, abonde dans le même sens.

« Le gouvernement a le pouvoir de définir le contexte, les réglementations et les structures pour favoriser ou freiner l’essor des coopératives », affirme-t-elle. « Bien entendu, nous disposons de nos propres ressources humaines et de nos idées. Mais si la politique ministérielle crée des obstacles, alors nous devons les surmonter afin de faciliter la réussite des coopératives. »

 

Par conséquent, comment les paliers de gouvernement au Canada peuvent-ils mieux épauler les coopératives de travail? Mme Corcoran estime que celles-ci connaissent du succès là où les instances répondent à cinq critères : une solide législation sur les coopératives, la promotion du modèle coopératif, la prestation d’une aide technique, l’accès des coopératives au capital et un suivi des coopératives pour assurer leur pérennité. Tout en félicitant le Canada pour sa loi sur les coopératives, elle soutient que le pays continue d’accuser un retard dans les quatre autres domaines. La bonne nouvelle, selon elle, c’est qu’il suffit d’améliorer un seul d’entre eux pour générer d’énormes retombées sur le secteur coopératif canadien – quoique ce soit toujours préférable d’avoir autant de ces critères que possible, et idéalement tous les cinq. 

« Si le secteur coopératif, y compris les coopératives de travail, parvenait à convaincre le gouvernement fédéral de soutenir puissamment le développement, on assisterait à une véritable transformation », dit-elle. « Mais à défaut de posséder le poids nécessaire, nous avons beaucoup de mal à faire bouger les choses. »

Le défi, soutient Mme Isinger, ne relève pas de l’aspect controversé des coopératives sur le plan politique. En fait, le modèle coopératif jouit d’une large approbation au-delà des lignes partisanes au Canada. Elle attire plutôt l’attention sur le problème bien documenté du manque de sensibilisation*(en anglais seulement).

« Les coopératives sont généralement appréciées », dit-elle. « Toutes les formations et personnalités politiques y sont favorables. Cependant, la plupart des gens ne saisissent pas les enjeux de fond. » Mme Corcoran met en lumière certains progrès récents, tels que le Programme de préparation à l’investissement du gouvernement fédéral, qui a permis de financer des initiatives comme le Projet de conversion d’entreprises JEDDI (Justice, équité, diversité et inclusion)*(en anglais seulement) de la FCCT; la version française de ces pages web sont à suivre dans les prochaines semaines. Elle constate également un engouement pour les fiducies collectives d’employé·e·s*(en anglais seulement). À son avis, le défi consiste à garantir la reconnaissance du modèle coopératif par l’État comme un des moyens pour parvenir à ce même objectif de renforcer le contrôle par les employé·e·s.

Compte tenu de l’incroyable diversité des coopératives au Canada (notamment dans le secteur des coopératives de travail), Mme Isinger est d’avis que les arguments en faveur d’un soutien gouvernemental accru varieront selon les contextes. Elle estime toutefois qu’il y a moyen de soumettre des propositions solides dans chaque cas.

« Les coopératives représentent une formule démocratique d’avant-garde qui s’inscrit tout à fait dans la stratégie de croissance économique intégrée du gouvernement canadien », conclut-elle. « Elles constituent un excellent moyen de créer une prospérité pour le plus grand nombre de gens, à même de participer à la réussite économique de leur collectivité. »