La coop Transformer les pratiques : œuvrer au changement, un organisme à la fois

Par Kenzie Love

Transformer les pratiques est un groupe de consultation à but non lucratif, constitué en coopérative de travail. Il se spécialise en services de conception, d’animation, de pratiques réflectives, d’apprentissage évaluatif et de planification stratégique. Il cible les secteurs communautaire, à but non lucratif, philanthropique, gouvernemental et privé. Fidèle au nom évocateur de la coop, ses membres ne se contentent pas d’un remaniement superficiel du cadre des organismes desservis. Plutôt, elles misent sur le partage de pouvoir afin que cette co-création transforme les relations, les connaissances et les stratégies. Particulièrement intéressée par le changement institutionnel, l’équipe de la coop vise à redéfinir le mode de travail des organismes qu’elle accompagne. 

Les cofondatrices se sont rencontrées il y a plus de dix ans à travers le « Lawrence Heights Inter-Organizational Network » de Toronto, un réseau centré à l’époque sur la sécurité alimentaire et communautaire, les activités pour les populations aînées et jeunes et la revitalisation d’un quartier à forte teneur en logements sociaux. Après un virage dans les mandats du réseau, plusieurs de ses membres ont choisi de diminuer leur implication ou de s’en retirer complètement, alors que le travail y devenait de moins en moins satisfaisant. Par la suite, les cofondatrices de Transformer les pratiques ont maintenu un lien grâce à des projets ponctuels alignés avec leurs passions et leurs valeurs.

Le hasard fait bien les choses : en 2021, une belle occasion s’est présentée sous la forme de l’Académie des coopératives de travail de la FCCT. C’était la chance pour les fondatrices de pousser et d’approfondir leur collaboration par la création d’une coopérative. Elles y ont non seulement appris les rouages entrepreneuriaux et administratifs de ce modèle, mais elles ont aussi solidifié leurs liens et étoffé leur philosophie de travail.

« L’Académie ne pouvait pas mieux tomber parce qu’elle nous a offert un espace pour apprendre ensemble », indique la cofondatrice Gillian Kranias. « Nous avons clarifié notre vision, notre mission et nos valeurs. Cette démarche a été très inspirante et nous a permis de commencer à définir qui nous sommes, ce que nous offrons. L’Académie a été très utile en ce sens. »

Issues du secteur à but non lucratif, les membres du groupe vivaient des frustrations face à la mentalité d’entreprise de plus en plus présente dans les organismes où elles œuvraient. Raison de plus pour se pencher vers le modèle coopératif, où le conseil d’administration et le personnel travaillent en étroite collaboration. 

« Avec le modèle coopératif, les personnes travailleuses, qui portent l’organisme, décident aussi de la composition du CA », ajoute Gillian Kranias. « Les décisions prises en haut affectent directement notre travail quotidien. Alors, c’était juste logique d’aller dans ce sens-là. »

Jusqu’à présent, la coop a plusieurs collaborations à son actif. Notamment, elle a accompagné une équipe interprofessionnelle émergente dans la transformation de ses approches en matière de conception de programmes et d’évaluation. Elle a aussi animé des activités d’apprentissage évaluatif au sein d’une communauté de pratiques en réduction des risques, par l’entremise de séances de réflexion en sous-groupes et de consultations larges. Elle a aussi offert son expertise au personnel de la municipalité de Toronto responsable de la participation publique. Dans tous les cas, la coop se démarque pour son approche collaborative plutôt que hiérarchique. La cofondatrice Denise Bishop-Earle indique d’ailleurs que ces processus d’apprentissages et de croissances ont profité autant aux organismes desservis qu’à la coop elle-même. Cette manière d’être continuera de s’inscrire au cœur du travail des membres de Transformer les pratiques alors qu’elles cherchent à accroître leur clientèle.

Cette coop de consultation choisit également des stratégies, des compétences et des outils en rupture avec les pratiques coloniales. « La plupart de nos accompagnements sont transformateurs », ajoute Denise Bishop-Earle. Elle indique toutefois qu’ils entraînent leur lot de défis. « Nous nous sommes mises à la place des gens, et vice-versa. La transformation se faisait de part et d’autre, tout au long du processus ».

« Partez à la recherche de relations authentiques, conclut-elle. Elles sont source de mouvement, et donc, de changement. »