Une coopérative de travail qui saute sur l’occasion

Par Kenzie Love

La coopérative syndiquée de vidéoproduction Seize the Means of Production Video Co-op a été fondée en 2022 à Vancouver, en Colombie-Britannique, par cinq partenaires de travail de longue date qui ont saisi une occasion de travailler sur des projets artistiques sans but lucratif.

« Nous voulions démarrer une entreprise, mais envisagions aussi le modèle de coopérative, qui représentait pour nous une structure idéale adaptée à nos valeurs », explique David Ng, cofondateur de la coopérative.

Au départ, le nom « Seize the Means » était censé être temporaire, mais la coopérative a ultimement décidé de le conserver, même si elle était consciente de ses connotations marxistes, en gage de la volonté de ses membres à être copropriétaires partageant le contrôle des activités. Pour les membres, le nom est une occasion de discuter de ces valeurs et de la façon dont elles guident leur travail.

Le regroupement vise deux objectifs depuis ses débuts : offrir des services de vidéoproduction de haute qualité et promouvoir les valeurs de justice sociale et de travail. C’est pourquoi les membres s’efforcent de faire affaire avec une clientèle qui partage ces valeurs et d’utiliser leurs compétences pour amplifier des messages cruciaux. La structure de l’organisation reflète cet engagement à l’égard de la propriété collective et de la rémunération équitable et digne.

Par ailleurs, en plus de fonctionner selon un modèle décisionnel partagé, cette coopérative de travail est syndiquée, ce qui démontre l’importance qu’elle accorde aux droits des travailleur·euse·s et à la solidarité. Grâce à cette structure, les nouvelles recrues peuvent bénéficier de mentorat et toutes les voix sont considérées dans les décisions d’affaires.

Le regroupement travaille sur une panoplie de projets, priorisant ceux qui cadrent avec ses valeurs. Prenons, par exemple, la campagne « L’eau, c’est la vie », qui a été créée en collaboration avec le Syndicat canadien de la fonction publique, et la série « Voices of Burnaby », qui célèbre les témoignages de personnes âgées d’une maison de retraite. Les membres produisent donc des œuvres de grande qualité qui ont des retombées sociales positives.

Comme beaucoup de coopératives de travail émergentes, l’organisation a été confrontée à des difficultés, par exemple en lien avec les coûts de démarrage et la prise de décisions collective. Heureusement, David Ng a constaté que les liens qu’il a tissés avec ses partenaires de travail facilitent le processus décisionnel.

« Je connais mes collègues depuis plus de 10 ans et c’est un facteur important dans la confiance qu’on s’accorde », affirme-t-il, « mais j’ai l’impression qu’il peut parfois être difficile de prendre des décisions d’affaires d’une manière à la fois efficace, positive et intentionnelle où chaque personne se sent entendue. »

Les services de la coopérative sont plus dispendieux que ceux d’autres entreprises, puisqu’elle est syndiquée et qu’elle verse des salaires décents à ses membres. Selon David Ng, la clientèle est souvent disposée à payer ce prix une fois qu’elle comprend ce qui le motive.

« Il arrive que la coopérative ne soit pas, disons, aussi compétitive que d’autres agences », souligne-t-il. « Par contre, c’est quelque chose sur lequel nous misons pour communiquer les valeurs derrière notre travail. Nous expliquons aux gens qu’ils ne retiennent pas les services d’une agence, mais d’une coopérative de travail fondée sur la prise de décisions collective. Je pense aussi que nos créations sont d’excellente qualité. »

Dans les années à venir, Seize the Means veut agrandir son équipe et élargir ses capacités tout en continuant de garantir des pratiques équitables en matière de main-d’œuvre. Le regroupement espère également contribuer à la croissance de l’économie solidaire basée sur les coopératives de travail en Colombie-Britannique et ailleurs en soutenant d’autres organisations aux valeurs semblables et en collaborant avec celles-ci.